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François Lenglet...

Revenu de base universel : Valls veut « un grand débat » et recadre Sapin

Revenu universel et 50 ans de la sécu

La Finlande prévoit d’instaurer un revenu universel. Premier pays à s’engager dans cette voie, prenons donc le temps de creuser cette idée, loin d’être si nouvelle que cela, qu’on la nomme « Revenu universel », « Revenu de base », « Revenu minimum garanti », « Revenu inconditionnel », « Dotation inconditionnel d’autonomie »,  ou bien  « Caisse de solidarité productive », « Salaire socialisé » etc.

C’est en soit une idée révolutionnaire à soutenir, mais soyons également conscients que pour les libéraux, son exploitation et sa déformation peuvent constituer une arme pour déconstruire un acquis essentiel du Conseil National de la Résistance : notre système de protection sociale.


Une idée révolutionnaire !

Si on se place clairement dans un cadre anti capitaliste, le concept de « revenu universel » est une remise en cause du productivisme forcené où le citoyen est réduit à un producteur-consommateur, courant sans cesse vers plus d’accumulation matériel. Les femmes et les hommes ne sont plus condamnés à passer leur vie à tenter de la gagner dans un rapport salarial déterminé par la lutte des classes : le travail devient un choix et non une contrainte. Dès lors, le chômage de masse de masse que l’on connait depuis plus de 40 ans et qui sert de chantage permanent au patronat qui peut imposer des bas salaires, des contrats précaires, une souffrance au travail qui ne cesse de croître n’est plus opérant. L’émancipation de ces rapports aliénants peut laisser la place à la reconnaissance de tout un tas d’autres activités fort utiles socialement et qui n’ont jamais été valorisées à leur mesure : l’engagement associatif, citoyen, culturel.

Imaginez vous-mêmes :quelle activité ou métier feriez-vous si celui-ci était réellement choisi et si vos revenus essentiels pour vivre n’en dépendaient pas ? De quoi rêver, non ?



Le revenu universel n’est pas à considérer comme une charité, ni un outil nouveau pour gérer la pauvreté mais pourrait constituer un droit humain garanti, aussi fondamental que le droit à l’éducation ou le droit de vote. C’est d’ailleurs l’article 25 de la déclaration universelle des droits de l’homme qui quelque part le reconnait : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille. » C’est aussi le Conseil européen qui reconnait l’existence d’un droit « fondamental de la personne à des ressources et prestations suffisantes pour vivre conformément à la dignité humaine. ».
Selon Pierre Rabhi « son montant doit satisfaire nos besoins sans pour autant détruire les ressources de nos enfants ». Nos ressources naturelles étant finies, on ne doit pas plus exploiter la terre qu’elle ne peut régénérer en une année. Rompre avec le mode de développement suicidaire productiviste est un impératif de survie de notre espèce sur la planète ! Il faut donc également instaurer un salaire et un revenu maximum : au-dessus duquel on estime plus qu’indécent de percevoir car non seulement cela est socialement injuste, mais aussi écologiquement irresponsable : le mode de vie des riches pollue.



Est-ce bien le projet des Finlandais ?

On ne peut qu’être surpris de découvrir que la Finlande, dirigée par un gouvernement d’alliance de majorité de droite, défende une telle utopie qui en soit relance le débat entre activité et travail, sur la répartition des richesses, la réorientation des gains de productivité vers une baisse et un partage du temps de travail….

En Finlande, la motivation est très certainement ailleurs…Le montant du revenu universel fait débat, de 350 à 1000 € par mois selon les groupes politiques. Il se substituerait à l’intégralité de toutes les allocations existantes…



En France, des ultra libéraux défendent le concept. Pourquoi ? Parce qu’il peut être un prétexte pour remettre en cause 50 ans de sécurité sociale.

Les ordonnances de 1945 ont constitué une avancée très importante, même si elles sont incomplètes, en matière de protection sociale. Le budget de cette énorme caisse de solidarité à laquelle cotisent salariés et employeurs, est supérieur au budget de l’Etat. Un beau sujet de convoitise pour les libéraux que cette masse qui échappe (encore !) à la logique libérale.



Gérée paritairement, cette caisse de solidarité garantit un revenu de substitution, un salaire différé, si les salarié-e-s sont malades, victime d’un handicap, ou à l’âge de la retraite. De fait, elle garantit un revenu minimum, mais en mettant au cœur du système la valeur travail à la différence du revenu universel.



Mais le système est fortement perfectible : On reconnait (encore !) en France qu’il est essentiel de définir un montant du salaire minimum pour vivre : le SMIC (sans entrer dans le débat sur le fait qu’il serait grand temps de l’augmenter à 1700€ car son montant ne permet pas réellement de vivre correctement). Constatons que 4,4 millions de personnes touchent une retraite inférieur à 645€ par mois, soit bien inférieur de loin au SMIC. Pourtant, les besoins des retraités sont-ils d’un coup inférieur aux actifs en emploi ? Comment par ailleurs pouvons-nous accepter encore l’idée que l’effort de cotisation d’un ouvrier soit à ce point plus important (poids des cotisations par rapport au salaire) que pour un cadre supérieur ? L’exemple des retraites démontre déjà qu’aucune pension versée ne devrait être inférieure au SMIC.



Aussi, prenons l’exemple des jeunes. Pour financer leurs études, tout en vivant de façon autonome de leurs parents par choix ou nécessité, le recours aux petits boulots est devenu une généralité mais qui de fait nuit fortement aux études… Quelle aberration. L’instauration d’une allocation d’autonomie pour tous les jeunes en formation jusqu’à leur entrée dans l’emploi (avec prise en compte des années d’études dans le calcul de la retraite) permettrait de reconnaitre l’enjeu en matière d’intérêt général pour un pays d’augmenter le niveau de qualification des nouvelles générations. Un revenu minimum devrait donc être garanti à chaque jeune.

Dernier exemple, le RSA. Il ne s’agit pas d’un revenu universel car son octroi est conditionné à la recherche d’un emploi et la justification permanente des démarches effectuées pour se faire. Dans les faits, les règles d’attribution et les démarches sont si lourdes et humiliantes que plus de 2/3 des ménages ayant droit au RSA n’en font pas la demande. Et celles et ceux qui le perçoivent sont dans l’angoisse permanente de le perdre ce qui nuit à leur implication dans tout projet, d’emploi ou d’activité. Sans parler de son montant dérisoire… Là aussi, aucun minima sociaux ne devrait être inférieur au SMIC.



Les ultra libéraux qui défendent le revenu universel ne soutiennent aucunement ces avancées possibles, urgentes, nécessaires, pour les retraités, les jeunes en formation ou relatives au RSA. Normal. N’oublions pas qu’à chaque assaut des libéraux de tout poil contre les « charges patronales », se tapit la volonté non seulement de baisser « le coût du travail » au profit d’une meilleur rémunération du capital, mais aussi la volonté de privatiser les hôpitaux financés par cette caisse, d’imposer les assurances (secteur bien lucratif pour le capital) en substitution à la Sécu, les retraites par capitalisation contre le système par répartition au profit des fonds de pension…



Finalement, pour eux, défendre le revenu universel permet d’un coup de remettre en cause 50 ans d’acquis sociaux, le rêve du Medef. Et un revenu universel financé via les impôts, ça peut se supprimer plus aisément quelques années après que la sécu pour laquelle résistent les salarié-e-s depuis 50 ans…



Continuons donc à débattre à gauche de cette belle idée révolutionnaire du Revenu universel, mais sans tomber dans le panneau de la casse du salaire socialisé.